Non loin de là, reposait Akane. Son frère à ses côtés, lui caressant les cheveux et lui tenant les mains, comme il avait l’habitude de le faire quand elle était à cran. Depuis sa mort, il n’avait pas dormi. Il en était tout bonnement incapable. Il ne cessait de se reprocher de ne pas avoir été suffisamment là pour elle afin qu’il ne lui arrive rien. Il était son frère, il devait la protéger. Déjà qu’il n’avait pas pu être près d’elle quand elle a été enlevée, il n’avait pu rien faire pour la sauver.

Décidément, sa sœur n’avait pas eu une vie facile. D’abord obligée d’oublier son grand amour, elle avait été violée puis tuée de la pire façon qui soit. Elle n’a pas eu le temps de s’expliquer et de dire au revoir à Eraldion. La rage qu’éprouvait Duncan le consumait entièrement. Il se retint de taper son poing contre le matelas et serra les dents. S’il avait pu savoir lequel de ces soldats avait lancé la lance fatale … Il l’aurait étripé de ses propres mains. Très lentement de surcroît pour faire durer le supplice. Malheureusement, il ne saura jamais lequel c’était. Ce qui était sûr, c’est que tous les ennemis se trouvant dans son périmètre avaient été massacrés.

Tandis que les larmes lui brouillaient presque la vue, Duncan vit une petite bague argenté au doigt de sa sœur. Une bague qu’il connaissait très bien puisqu’il s’agissait de celle que lui avait offerte Eraldion. En la retirant, il se promit qu’il lui remettrait quand il le retrouverait enfin et qu’il lui avouerait toute la vérité. En commençant par Axion qui refusait que son fils partage sa vie avec Akane, en passant par sa menace, et pour finir, par le sort d’oubli qu’on avait lancé à la jeune femme, ce qui justifiait son départ précipité.   

Derrière lui, ses compagnons silencieux dont certains en larme, attendaient. Ils ne savaient quoi mais ils attendaient. Alors chacun se décida de faire ses adieux à Akane en silence, à se remémorer les bons souvenirs qu’ils avaient d’elle. Pour ceux qui ne la connaissait pas depuis longtemps, l’exercice ne se révéla pas si difficile que ça, mais sa perte les toucha plus qu’ils ne le pensaient. Après tout, ils avaient tous veillé les uns sur les autres quand ils étaient perdus ou du moins avaient essayé. Ils s’étaient formée une sorte de petite communauté avec pour but : s’en sortir et aller chercher de l’aide. Oui mais voilà, une des leur les avait quitté désormais. Qu’allaient-ils faire à présent ? Ils avaient atteint leur objectif, arriver à Ambre afin de se mettre en sécurité et de faire leur rapport au roi Axion. Malheureusement, il avait fallu qu’ils fassent face à une armée d’ennemis sortant d’on ne sait où.

Tout comme Anton et Neeva, Galdor et Fitz étaient en larme. Les deux derniers, avec Akane, avaient forgé une amitié qui dépassait l’entendement. Ils avaient traversé une épreuve qui arrivait à très peu de gens et cela les rendait plus fort. Ils se comprenaient au moindre regard, à la moindre mimique. Eux aussi s’en voulaient de n’avoir pas pu la protéger. Mais le pire était pour Neeva qui était juste à côté d’elle quand elle s’est pris la lance. Elle aurait pu la pousser ou faire barrière avec son propre corps mais l’action avait été si rapide … Elle n’avait eu le temps de rien faire …

Peu de temps après, un par un, les rescapés s’en allèrent. Laissant Neeva seule avec Duncan au chevet de sa sœur.  Celle-ci hésitait à entamer la conversation. En effet, il ne lui avait plus adressé la parole depuis la mort de la jeune femme. Une partie de lui reprochait à Neeva de ne pas avoir agi pour sauver Akane. C’était la seule personne qui aurait pu faire quelque chose et elle n’a rien fait …

« Duncan ? L’interpelle-t-elle d’une toute petite voix. Je me demandais … Si tu avais avalé quelque chose depuis … depuis qu’Akane nous a quitté …

-          - …

-          - Je t’en prie, il faut que tu te sustente. Tu risques de faire un malaise et c’est vraiment la dernière chose dont on a besoin maintenant.

-          - … Duncan ne répondait toujours pas. En fait, il n’avait plus parlé à personne depuis le combat.

-          - Je sais ce que tu penses, craque-t-elle. Selon toi, c’est de ma faute si elle est morte. Que j’aurais dû réagir en voyant la lance venir vers nous. Mais j’étais comme paralysée ! J’avais le cerveau engourdi, je venais de tirer une flèche, je … Je … Je ne sais pas quoi te dire …

-          - …

-          - Tu me détestes n’est-ce pas ? S’il-te-plaît ! Dis-moi quelque chose ! Crache moi à la figure ce que tu penses !

-          - …"

Neeva lui prit la main pour essayer de le faire réagir mais rien. Il ne retira même pas sa main. Il faisait comme si elle n’existait pas et c’était la pire torture pour la pauvre elfe. Les larmes aux yeux, Duncan aimerait lui dire qu’il ne lui en voulait pas. Que de toute façon, se n’était pas à elle de veiller sur sa sœur jumelle mais à lui. Lui seul était responsable de ce qui était arrivé. Oui il pourrait lui dire tout ça mais il voulait que quelqu’un souffre comme il souffre en ce moment. Il ne veut pas être seul en ce moment. C’était très égoïste de sa peur, il le sait mais il ne pouvait s’en empêcher.

Il l’entendit soupirer, lâcher sa main et tourner les talons. Neeva avait décidé de le laisser tranquille, elle viendrait lui reparler plus tard, quand les serviteurs seront venus le déloger de la chambre funéraire. Elle espérait qu’avec la venue de ses parents, Barahir et Luthien, il retrouverait la parole. Il avait besoin de sa famille, eux seuls pouvaient le comprendre. La perte d’un frère ou d’une sœur est horrible, mais il est pire de perdre son jumeau ou sa jumelle avec qui on a tout traversé, depuis le ventre de leur mère, à l’épanouissement dans leur vie.

Sans s’en rendre compte, elle arriva dans la bibliothèque du château. Ayant une des plus grandes collections dans le monde des humains, ce lieu recelait de très grands savoirs. Peut-être n’était-elle pas aussi imposante que celle des elfes de Tyriel, d’où venait Alder, mais elle avait quelques joyaux parmi ses livres. C’était l’endroit parfait pour se reposer et penser tranquillement.

Ce ne fut pas une surprise d’apercevoir Alder, tranquillement installé à une table, à dévorer un imposant ouvrage. L’elfe ne s’était toujours pas rendu compte que Neeva se dirigeait vers lui jusqu’à ce qu’elle prenne une chaise en face de lui pour s’assoir.    

« Neeva, toutes mes condoléances, leva-t-il la tête. Je suis désolé de ne pas avoir pu te le dire avant. Comment va Duncan ?

-           - Il est toujours sous le choc et ne m’adresse toujours pas la parole, soupira-t-elle.

-          - Tu n’as pas réussi à lui faire aligner deux mots ? S’étonna-t-il. Cela ne fait pas longtemps qu’il s’est mis à tutoyer ses compagnons. Il a fallu que ces derniers lui répètent inlassablement de ne plus le faire. Leurs efforts ont fini par payer …  

-          - Je me suis excusée je ne sais combien de fois, mais rien à faire …

-          - Ce n’est pas de ta faute Neeva. On te l’a déjà dis. Je suis sûr qu’il le sait également. Duncan ne t’en voudrait jamais. Je pense qu’il s’en veut plutôt à lui. Tu verras, il te reparlera à nouveau, lui sourit-il en essayant de la rassurer.

-          - Tu croies ? Je n’en suis pas si sûre. Je ne l’ai jamais vu dans cet état.

-          - Il a perdu sa sœur jumelle. Il faut lui laisser du temps …

-                - …

-          - Alors comme ça tu es originaires des océans de l’Ouest ? S’intéresse Alder. Je n’y suis jamais allé. On dit que vous avez de très beaux rivages qu’on ne voit nulle part ailleurs …

-           - Oui, c’est vrai. J’avais promis à Akane de l’y emmener, expliqua Neeva avant de se taire soudain.

-          - Chez moi, s’empressa-t-il de dire avant que son amie ne se mette à pleurer devant lui, nous n’avons que la forêt à perte de vue. C’est pourquoi je comprends Savanna de vouloir à tout prix quitter la Forêt Noire. A la longue ça en devient lassant, même si c’est magnifique.

-                     - Ah bon ? Vous balader toute la journée en pagne faits avec des feuilles de chêne ne vous convient pas ? Se moqua-t-elle.

-          - Vous nous voyez vraiment comme ça ? S’inquiéta Alder.

-          - Et bien, en examinant vos tenues, on se pose des questions, effectivement. Vous n'êtes pas malade de tout ce vert ? 

-                - Je pense qu’on s’en sort plutôt bien, rigola-t-il.

-          - Comparé aux elfes de la Forêt Noire, on va dire que ça va, admit-elle. Attends, c’est vrai, elles s’habillent toutes pareils ! Seuls les plus haut placés ont le droit de mettre d’autres couleurs ! »

      Et les deux elfes continuèrent à se raconter leur mode de vie, les petites choses qui faisaient la différence et ce pour quoi ils étaient fiers de le représenter. Cela permettait à Neeva d’oublier pour un moment sa peine.  

*** 

« Eh oh ! Je suis rentré ! S’exclama Eas en pénétrant le seuil de sa maison. Maman ? Thétys ? Vous êtes là ? »

Silence … Depuis quelques jours, le jeune homme était parti rendre visite à son père qui vendait ses produits à Eleusis, la ville du nord. Il avait donc laissé sa mère et sa sœur toutes seules et il s’étonna de ne pas les voir à la maison alors qu’elles savaient très bien qu’il rentrait aujourd’hui.   

« Bizarre tout ça … elles ne m’ont laissé aucun mot à ce que je vois. Il y a quelqu’un ?!!! Appelle-t-il à nouveau. » Soudain, il entendit des pas provenant de l’étage qui se dirigeaient vers l’escalier. « Qui est là ? »

« T’inquiète, c’est moi, le rassura Andreas en dévalant l’escalier en colimaçon.

-            - Qu’est-ce que tu fais ici ? J’espère que tu n’as … commença à le menacer Eas.

-          - Non non ! Je n’ai pas couché avec ta sœur ! S’empressa-t-il de dire. Il … Il y a eu quelques complications hier soir … Et j’ai jugé bon de rester avec ta sœur puisque ta mère n’est pas à la maison pour le moment.

-                     - Elle est où d’ailleurs ? Et qu’est-ce qu’il s’est passé hier soir ?

-          - Ta mère est allée voir le commandant Artertis.

-          - Le père de Saphia ? Pourquoi ? Ne comprend-t-il pas.

-          - Thétys a été agressée hier soir et si je n’étais pas intervenu, elle aurait pu se faire violer, avoua-t-il sachant très bien qu’il était en train de lâcher une bombe à son meilleur ami.

-          - QUOI !!!??? Que … Comment cela a pu arriver ??!!

-          - Je ne sais pas. Je rentrais chez moi quand je les ai aperçus, raconta-t-il. Il … Il la maintenait contre le mur et l’empêchait de crier… J’ai saisi le mec par le col et je l’ai tabassé. Mais il a réussi à s’enfuir et sur le moment, je ne pensais pas à le poursuivre…  

-          - Ce fils de pute !! Cria Eas. A quoi il ressemblait ?!

-          - Il faisait noir et j’étais tellement aveuglé par la colère que je n’ai pas fais attention. Je suppose que le commandant va venir m’interroger à ce sujet dans la journée.

-          - Elle est dans sa chambre ?

-          - Oui, mais elle dort.

-          - Je monte la voir quand même. 

-          - Elle s’est endormie il y a un peu plus d’heure je dirai, lui apprends Andreas tandis qu’ils pénétraient dans la chambre de Thétys.

-          - Elle semble si paisible … nota-t-il. Tu es restée avec toute la nuit ?

-          - Oui.

-          - A-t-elle fait des cauchemars ?

-          - Elle … Elle appelait parfois ton nom, avoua son ami. »

Elle devait aussi l’appeler silencieusement hier soir alors qu’elle se faisait agresser. Mais il n’était pas là pour la protéger. Si Andreas n’était pas intervenu … Est-ce qu’elle serait encore vivante ? Eas aimerait tant avoir en face de lui, l’être immonde qui a osé s’attaquer à sa petite sœur. Il voulait le faire souffrir et le tuer même tellement il avait la haine …

« Ma puce, murmura-t-il tandis qu’il s’allongeait près d’elle tout en la prenant dans ses bras. »   Il la serra tout contre lui aussi fort qu’il pu. Il voulait qu’elle sache qu’il était avec elle désormais et qu’il ne la quitterait plus jamais. Il se le promettait.

Andreas, se sentant de trop, jugea utile de les laisser seuls tous les deux. Ils en avaient bien besoin …

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FIN DE LA MAJ 11 !!

Et de une ! La prochaine MAJ sera LPA aussi. Ensuite, je reprendrai LSR.

Alors, que s'est-il passé ? On peut dire que c'est vraiment la MAJ d'Akane. En même temps se sera la dernière ... On a eu un avant-goût de son histoire avec Eraldion, ils étaient pas mignons ? :). En parlant du prince, il est plutôt bien entouré le coco non ? ^^. Que va-t-il se passer à votre avis ? Surtout que maintenant, vous savez la vérité : Eris est la cousine d'Eraldion ! Mais les protagonistes, eux, ne le savent pas, hé hé ... 

Duncan en mode dépressif, laissant Neeva seule, se morfondre les doigts. Heureusement qu'elle peut compter sur ses amis comme Alder pour lui remonter le moral !

Et Eas est finalement rentré et a appris pour Thétys ... Le pauvre s'en veut énormément. Espérons que sa soeur n'aura pas de séquelles à la suite de ce qui s'est passé !

Ah et au fait ... BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2014 !!!!!

Bisous à tous et n'hésitez pas à laisser des coms pour me dire ce que vous en pensez !

Isiis.

***

« Courtney ? Toqua à la porte Eris. Hé oh ? Tu es là ? »

Aucune réponse. La demi-elfe poussa du bout des doigts la porte entrebâillée et découvrit le prince dormant dans le lit de la jeune femme blonde. Cette dernière n’était nulle part. Mais que faisait-il ici ?! Ils n’avaient quand même pas … ?

« Eraldion ! Le réveilla-t-elle.

-          - Quezkia ? Grommela-t-il en se redressant. Il s’adossa et reconnu la voix d’Eris. Celle-ci, les bras croisés et les sourcils froncés, au pied du lit, attendait de pied ferme ses explications. Eris ?

-          - Alors, tu comptais me le dire quand ?

-          - Quand ? Mais de quoi tu parles ?

-          - Pour toi et Courtney !

-                    - Moi et … Ce n’est pas ce que tu crois ! Se leva-t-il aussitôt en remettant son bandeau sur les yeux qu’il trouva sur la table de nuit.

-          - Evidemment … Le nargua-t-elle.

-          - Non ! Non ! Elle était chamboulée hier soir ! Elle m’a demandé de lui tenir compagnie le temps qu’elle s’endorme, et visiblement, j’ai du sombrer à mon tour, mentit-il.

-          - Mouais … Non. Je ne te crois pas, mais je suis déçue que tu ne veuilles pas m’avouer que vous êtes ensemble, continua-t-elle.

-          - Mais nous ne sommes pas ensemble ! Je voulais juste lui parler suite à notre discussion d’hier parce qu’elle faisait tout pour nous éviter !

-          - Très bien, si tu le dis. Tu sais où elle est ? C’est à mon tour de lui dire deux-trois mots.

-          - Euh … Elle devait rejoindre les guérisseurs pour continuer sa formation.

-          - Merci de l’information. Bon j’y vais ! A moins que tu ais besoin que je te raccompagne ?

-          - Non c’est bon merci. Je vais prendre un bon bain puis j’irai voir Dan, il a des histoires à me raconter.

-          - Des histoires ? Le questionna-t-elle tandis qu’ils quittaient le studio de Courtney.

-          - Pour mieux connaître leur peuple. Mince ! Est-ce que l’on doit fermer à clé ou quelque chose comme ça ?

-          - Je pense qu’elle a gardé ses clés avec elle, ainsi on a juste à claquer la porte pour qu’elle se verrouille, tout en parlant, elle ferma la porte. Un clic retentit signifiant qu’elle s’était verrouillée.

-          - J’espère que c’est le cas …

-          - Mais oui ! De toute façon quelqu’un doit avoir un double de ses clés !

-          - Tu as sûrement raison. Je te laisse, on se voit plus tard. Et au fait ! Courtney a accepté de dîner ce soir avec nous.

-          - Génial, je pourrai ainsi vous questionner tous les deux en même temps !

-          - Qu’est-ce que tu peux être agaçante quand tu t’y mets !

-          - Je vais faire le tour de la cité pour inviter deux trois personnes de plus.

-          - Si cela t’enchante … »

Eris arriva rapidement à trouver l’hôpital. En effet, il était bien difficile de ne pas voir l’imposant édifice qui surplombait l’Atlantide depuis ses hauteurs. A côté se trouvait le Conseil des Chef, qui rassemblait les 10 personnalités les plus importantes de la cité et qui géraient celle-ci ainsi que tous ses habitants.

Fait de marbre blanc et entouré de cascade d’eau, l’hôpital était magnifique. Un tel endroit pour que les patients puissent se reposer était idéal. Des guérisseurs, tous de blanc vêtu, déambulaient dans les jardins devant l’entrée, promenaient les patients ou se hâtaient de rentrer chez eux après avoir travaillé de longues heures d’affilée.