Les autres collègues de Taylor dont Soraya et Zuen qui n’ont toujours pas accepté que je sorte avec lui, se sont installés à une table non loin de nous et ne cessaient de piailler. Plusieurs fois, des étudiants leur ont demandé de se taire car ils étaient dans un lieu où les gens bossaient, mais ils s’en foutaient royalement. J’avais oublié à quel point faire parti d’une fraternité te rendait aussi insolent et te faisait sentir comme si tu étais le roi du monde en personne.

Décidément, je ne regrette pas d’avoir quitté les Zeta Iota. Tout comme Emma qui n’arrête pas de les traiter de pimbêches quand l’un des groupes de filles passe devant nous en nous lançant des regards de côté comme si on avait la lèpre. Le seul avantage de sortir avec Taylor, bon d’accord en plus qu’il embrasse superbement bien, c’est de voir tous les jours la tête de Mini, rouge comme une pivoine à chaque fois qu’elle nous voit ensemble.

Etrangement, je suis étonnée que Taylor tienne le coup. Après tout, avec lui, je suis la pire petite amie qu’on puisse avoir ! En dehors de la fac, je refuse de passer du temps avec lui, j’ai également refusé, je ne sais plus combien de fois, de l’accompagner dans sa chambre pour faire joujou sous la couette, et il reste cependant toujours agrippé à mes basques. Je pense que je suis pour lui une sorte de challenge. Une fille inaccessible qui sort pourtant avec lui. J’aime bien cette situation, ainsi je peux lui demander des choses qu’ils n’auraient jamais accepté de faire si j’avais couché avec lui. Ah que c’est bon d’avoir un homme soumis ! Bon faut pas trop déconner non plus, il m’obéit pas au doigt et à l’œil, mais c’aurait été franchement utile, non ?

Tandis que je réfléchissais, le regard dans le vague, à quoi inscrire sur ma copie, Emma me donna un coup de coude. Fronçant les sourcils sous la douleur qu’elle m’avait infligée je ne sais pour quelle raison, je lui jetai un regard interrogateur. D’un signe de tête, elle me montra une fille brune qui avait pénétré dans la salle d’étude.

Ah mon plus grand étonnement, je m’aperçus qu’il s’agissait de notre Christina. Les cheveux teints en noir, avec une frange droite cachant ses sourcils blonds, elle se dirigea d’un pas lent mais ferme vers un rayon de la bibliothèque. Elle ne nous avait pas vu ou avait fait mine de ne pas nous voir. Ce qui ne m’échappa pas non plus, se furent tous les piercings qu’elle avait dorénavant sur tout le visage. Mais qu’avais-tu fais Chris’ ?!