Soudain, des sons de voix se firent entendre et il vit des personnes débouler joyeusement. Ils étaient vivants mais beaucoup avaient le visage émacié ou couvert d’hématomes. Ils avaient dû connaître le pire et à cette pensée le cœur d’Eraldion se serra. Que leur était-il arrivé ?

                « Satna ! Crie Eris en se ruant sur son amie. »

Le prince ne se fit pas prier pour la suivre et retrouver les siens.

                « Ioreth ! Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureux de vous revoir !

                - Surtout moi hein ! Avoue que je t’ai manqué, le taquine-t-il.

                - C’est vrai que ça faisait bizarre de ne plus entendre tes conneries de bon matin, plaisante Eraldion.

                - Non sans rire, je suppose que vous devez être mort de faim, je vous mènerais au réfectoire qu’ils nous ont mis à disposition en attendant que l’on construise nos propres bâtiments.

                - Pourquoi ? Nous allons rester ici ? Et où sommes-nous d’abord ? Ces créatures qui nous ont attaqué, on en avait jamais vu auparavant, grimace l’elfe à ce souvenir.

                - Nous ne sommes plus dans notre monde, on s’est téléporté ou quelque chose comme ça. Et comme on ne sait pas vraiment de quelle manière rentrer chez nous, on va devoir vivre ici un bon moment. Ces gens qui vous ont retrouvé nous ont proposé de nous héberger pendant quelques temps.

                - Pratique ça !

                - Ecoute … Pour ce qui vous est arrivé, tu m’en parleras le moment venu quand tu te sentiras prêt. A mon avis, ça n’a pas été de tout repos ...

                - En effet mon prince, intervient un elfe au cheveux blanc.

                - Eleheim !! Ton œil ! Qu’est-il arrivé ?

                - C’est les risques du métier. En voulant sauver un ami des griffes de ces félins, je l’ai perdu, explique-t-il.

                - Un ami ? Qui ? Je le connais ? commence à stresser le jeune homme. La peur au ventre, il entendit Farin lui répondre d’une voix qu’il ne lui connaissait pas, c'est-à-dire, triste. Alors que depuis tout petit, Eraldion l’avait toujours vu joyeux, lui et son jumeau Dwalin. D’ailleurs, en parlant de Dwalin, il ne le voyait pas dans la foule, c’était sûrement dû à sa très petite taille … Enfin, il l’espérait …

                - On a fait tout ce qu’on a pu, mais il est décédé suite à ses blessures trop importantes … Souffle le nain d’une très petite voix.  

                - Mais qui enfin ?! Dites le moi où je vais devenir fou !! prend peur le prince."

Farin le regarda droit dans les yeux, comme s’il voulait qu’Eraldion comprenne tout seul sans qu’il ait besoin de lui dire …

                « Ne me dit pas qu’il s’agit de …

                - C’est Dwalin … lâche finalement le pauvre nain.

                - C’est arrivé au tout début alors qu'on était encore dans la clairière, raconte Elfwine. Ce sont les cris, ou plutôt les hurlements qui m’ont réveillé. Et là, j’ai vu Dwalin en train de se … Il se tut et respira un bon coup avant de poursuivre … De … Se faire dévorer par ces monstres. On s’est tout de suite jeter dessus pour l’éloigner de lui, mais le mal était déjà fait. Il est mort dix minutes après … »

Eraldion ne sut quoi dire … Dwalin était mort, parti. Il ne le reverrait plus jamais, l’éternel binôme qu’il formait avec son frère ne serait plus là pour animer les soirées ou les repas que son père organisait souvent avec leur famille. Il ne sut pas quoi faire sinon à part se mettre à pleurer en même temps que son ami le nain. Mais ce qui l’acheva, ce fut l’annonce encore plus douloureuse d’Elfwine : « Et nous n’avons pas aperçu Anton et Haldir, ni pendant l’attaque, ni après … Je suis désolé Eraldion … »

***

« Mmmmhh … »

C’est avec un énorme mal de crâne, que lentement, Akane commença à émerger. Au début, elle ne vit que le noir complet, mais peu à peu ses yeux s’accoutumèrent. Elle était assise sur une chaise en bois et ne se souvenait pas du tout de comment elle était arrivée là. Le sol, froid ainsi que les murs de la salle dans laquelle elle se trouvait, ne lui étaient pas familiers. Au loin, une forme apparut devant elle, à quelques mètres. Quelqu’un était aussi assis sur une chaise et sa tête tombait en arrière.

Galdor … Mais que fichait-il ici ? Il avait l’air endormi comme elle il y a quelques instants.

« Galdor ! Réveille-toi ! …… Galdor ! Ouhou !! Tu m’entends ? » l'interpelle-t-elle.

Rien n’y faisait, il ne répondait pas. Il devait avoir le sommeil lourd …

Elle tourna la tête pour voir de l’autre côté de la pièce une porte dont la fenêtre était équipée de barreaux et des chaises contre le mur qui trainaient. Cette pièce ressemblait étrangement à une prison. Akane eu un étrange pressentiment. Son dernier souvenir datait du moment où elle s’était assise parterre dans la forêt pour se reposer. Elle et les autres devaient chercher un endroit pour pouvoir dormir.

Un léger bruissement lui fit tourner la tête et elle vit Fitz, la tête sur une table, visiblement endormi lui aussi.

Décidée à agir, elle se leva de sa chaise pour aller les réveiller et leur demander si, eux au moins, savaient ce qu’ils faisaient ici et quel était cet endroit. En premier, c’est Galdor qu’elle tenta de réveiller.

Heureusement pour elle, un simple tapotement d’épaule lui fit ouvrir les yeux.

« Akane ? dit-il simplement quand il l’aperçu.

-     - Enfin ! Je t’ai appelé, tu ne m’as pas entendu ? lui demande-t-elle.

-     - Non, désolé … Par contre, j’ai un de ces maux de tête !!

-     - Oui moi aussi, ça m’a fait pareil.

-     - C’est comme si on m’avait assommé, est perdu dans ses pensées Galdor. Je me souviens, j’ai eu la même sensation quand je m’entrainais en tant que soldat pour le roi Axion.  

-          - Alors selon toi on a été assommé ? s’étonne Akane.

-          - C’est ce que je pense … Sinon, qu’est ce qu’on ferait ici ? On est en prison à ce que je vois …

-          - A mon avis, cela a un rapport avec la disparition de tous les autres, intervient Fitz.

-          - Ah beh te voilà réveillé toi aussi ! en fut soulagé la jeune femme.

-          - Ce doit être ceux qui nous ont attaqué, tu t’en souviens Galdor ? continue le nain.

-          - On nous a attaqué ? Quand ?  en fut étonnée l’athaléen.

-         - Tu ne te rappelles pas ? Tu as du recevoir un coup très fort … Le soir où on devait trouver un abri pour dormir, on est tombé sur un gars cagoulé qui nous a demandé, non, exigé, précise Fitz, de le suivre. Et à ce que je vois, il a réussi.

-          - Qu’il vienne ce connard, grommelle Galdor, je vais lui apprendre les bonnes manières. Mais tout d’abord, sortons d’ici ! s’exclame-t-il en se levant.

-          - Pour rappel, il t’avait facilement maitrisé, prévient son ami. La prochaine fois, reste sur tes gardes !

-          - Pfff. De toute façon, on ne le croisera pas puisqu’on va s’enfuir d’ici !

-          - Ca ne serait pas trop facile ? Questionne Akane. Et elle est bien solide cette porte, tu vas plutôt te blesser ! »

Et bien entendu, ce fut un cri étouffé que le nain et la jeune femme entendirent. Galdor avait voulu donner un gros coup de pied au niveau de la serrure mais malheureusement, elle n’a pas cédé. Il se massa le pied, en jurant, et dit : « C’est bon, vous aviez raison, pas besoin d’ouvrir votre gueule ! »

-          - Pas besoin d’être si désagréable, on ne faisait que te conseiller … essaye de le calmer Fitz.

-          - Ouais bon, cette porte est bel et bien fermée. Vous ne voulez pas m’aider à la défoncer ?

-          - Et on utiliserait quoi pour la « défoncer », dit-elle en insistant sur ce mot. Parce qu’à part des chaises et une table en bois, on a rien de bien solide.

-       - Je ne sais pas moi ! Utilise ton cerveau Fitz tu dois bien avoir une idée ! Fitz, tu m’écoute ? Mais qu’est-ce que tu es en train de faire ? S’étonne Galdor en le voyant l’oreille au sol.

-          - Quelqu’un arrive, fit-il simplement, tu devrais t’éloigner de cette porte.

-          - Je vais plutôt me cacher et lui sauter dessus ouais !

-          - Il faut vraiment que tu essaie de te maitriser. Il faut que l’on sache cequ’ils nous veulent. Il y a bien une raison à cet enlèvement.

-          - Tu penses que les autres vont partir à notre recherche ? s’inquiète Akane.

-          - Tu parles ! grommelle Galdor. Ca va en arranger certain que je ne sois plus là !

-          - Tu n’es pas le centre du monde Galdor … le rabroue-t-elle.

-          - Ton frère, Duncan ? Il partirait à ta recherche ? la questionne Fitz.

-          - Oui … Enfin, je crois … »

Mais pendant qu’ils parlaient, la porte s’ouvrit laissant apparaître un homme encapuchonné et le visage masqué, le même qui avait attaqué les deux compagnons la nuit dernière.

« Aloha les amis ! Bien dormi ?

- Qui êtes-vous ? l’intéroge l’athaléen.

- C’est plutôt moi qui devrais vous poser la question. Qui êtes-vous ? Pour qui travaillez-vous ?

- Personne, répond Galdor. Pourquoi vous nous avez enlevé ?

- Pour que vous répondiez à mes questions, et je veux la vérité. QUE la vérité. Donc je répète, pour qui travaillez-vous ?

- Mais enfin ! Vous êtes con ou quoi !! s’énerve-t-il, je vous ai dit personne. On est venu participer ou regarder le tournoi d’Archaïe ! Point barre ! Alors maintenant laissez-nous partir !

- Galdor … le rappelle à l’ordre Akane.

- Tu devrais écouter ta copine, je m’énerve assez facilement. Une autre question puisque vous n’êtes même pas capable de savoir qui est votre supérieur. Où est le lieu miroir ?

- Le … « lieu miroir » ? Mais qu’est-ce qu’il raconte celui-là ?? C’est une blague c’est ça ? Anton ! Haldir ! C’était très marrant !! crie-t-il comme s’il parlait à quelqu’un se trouvant de l’autre côté du mur. Vous pouvez nous laissez sortir !

- Galdor, je crois que ce n’est pas une blague … lui dit la jeune femme.

- Où est le lieu miroir ? Répète l’homme encapuchoné.

- Je ne sais pas moi, allez faire les boutiques à Axia, la capitale d’Athalée, nous avons de très beaux stands de miroirs. Vous en avez de toutes les tailles, de toutes les couleurs … continue le soldat.

- MAIS JE M’EN FOU DE TES MIROIRS DE MERDE !!!!! JE VEUX LE LIEU MIROIR ! TU ARRETES DE ME PRENDRE POUR UN CON OU CA VA MAL FINIR POUR TOI ! Perd son calme leur kidnappeur.

- Mais on ne sait même pas ce que c’est ! On ne sait rien !! Vous avez sûrement enlevé les mauvaises personnes ! Espèce d’idiot ! l’insulte-t-il."

C’est par deux coups bien placés que l’homme lui répondit, un coup de poing dans le ventre, enchainé par un coup de pied qui finit par le mettre à terre. Il ne l’avait pas vu venir ça … Et Galdor s’en mordait les doigts maintenant qu’il était étalé par terre … 

« MAIS CA VA PAS !! Vous êtes un fou ! s’exclame Fitz qui ne s’attendait pas du tout à ça. On vous dit qu’on ne sait pas, on ne comprend même pas vos questions ? Que voulez-vous que l’on réponde à ça ?

                - Galdor ça va ? Tu respires ? lui demande la jeune femme.

                - T’inquiète ! J’ai juste mal aux abdominaux, le temps que je me relève …

                - Je reviendrais demain, annonce son agresseur, d’ici-là, réfléchissez bien, car je vous reposerai ces questions et beaucoup d’autres …

                - Et on vous répondra la même chose, averti Fitz.

                - Alors, je continuerais à vous frapper jusqu’à ce vous me dites ce que vous savez.

                - Mais puisqu’on ne sait rien !! perd à son tour son calme Akane.

                - Ils disent tous, ça. Mais au bout d’une semaine sans manger, juste survivre avec de l’eau. Ils avouent tout ce qu’on souhaite apprendre … Sur ce, je vous laisse. Et à demain ! Sachez que ce sera de pire en pire ! Mais cette fois-ci, on commencera avec la demoiselle, ricane l’homme avant de refermer à clef la porte derrière lui … »

Anton s’était réveillé il y de cela quelques heures et en revenant sur ses pas, il n’avait trouvé qu’un message gravé dans un tronc lui indiquant la direction à prendre. Ils avaient réussi à trouver un endroit où dormir, parfait ! Mais maintenant, il n’est plus vraiment fatigué car il s’était endormi comme une masse dans cette petite clairière toute jolie avec sa fontaine naturelle au centre. Il trouvait cela bizarre, mais il n’avait pas du tout envie de faire partager sa découverte, même pas avec Haldir. C’était son petit secret à lui seul …

Il déboucha enfin dans la fameuse clairière où s’étaient installés ses compagnons. Le sourire aux lèvres, il les rejoignit. Heureusement que la lumière de la lune les éclairait ce soir, sinon, il n’y verrait strictement rien.

Mais petit à petit en se rapprochant, il vit une silhouette qui ne lui était pas familière, on dirait un vieil homme aux cheveux mi long en train de discuter avec Haldir, Duncan et Alder. A côté d’eux se trouvaient Savanna, apparemment remise sur pied et Neeva. Mais nulles traces de Galdor, Fitz et Akane.

« C’est très embêtant ce que vous nous annoncer là » entendit-il dire de la part de Duncan, sûrement à l’adresse du vieil homme, sinon il ne le vouvoierait pas.

Il remarqua que les jeunes hommes avaient tous une tête de déterrés. Peut-être avaient-ils appris quelque chose qui les contrariait énormément ?

« Je crois qu’un de vos amis vient d’arriver, annonce d’ailleurs l’aïeul.

- Ah salut Anton ! On se faisait du souci nous ! Dis, t’aurais pas vu ma sœur par hasard ? L’interroge Duncan avec une lueur d’espoir.

- Non, désolé, elle n’est pas encore revenue ? s’étonne le jeune homme.

- Galdor et Fitz aussi ne sont revenus, lui apprend Haldir sans se retourner, bien qu’il soit soulagé que son ami soit revenu sain et sauf d’un quelconque danger."

Les filles le regardaient comme s’il était revenu d’entre les morts.

« Pourquoi vous me regardez comme ça ? S’inquiète-t-il.

- Cela fait à peine deux jours que tu as disparu. On aimerait savoir pourquoi … lui reproche Neeva. »

Deux jours ???!! Il avait dormi aussi longtemps ? Mais comment cela était-ce possible ?! On ne peut pas dormir non stop pendant deux jours à moins d’être très malade ce qui n’était pas son cas … Il se souvient que lorsque il est arrivé à cette clairière, il s’était senti soudain extrêmement fatigué et c’est pour cette raison qu’il s’était assoupi. Mais pendant deux jours ? Quand même ...